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CHAPITRE PREMIER

Isydore tombe dans le terrier

illustration du CHAPITRE PREMIER

Isydore, assise auprès d’un de ses nombreux comparses félins sur le gazon verdoyant de sa Normandie natale, commençait à s’ennuyer de rester là à ne rien faire ; une ou deux fois elle avait jeté les yeux sur un livre ancien envahi par l’herbe assouplie ; mais quoi ! pas d’images, pas de dialogues ! « La belle avance, » pensait Isydore, « qu’un livre sans images, sans causeries, il faudrait que j’y dessine toutes sortes de belles choses ! ». Depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme avait toujours aimé illustrer des bouts de papiers glanés, et revenait ainsi de plusieurs années d’école d’art où de drôles de gens lui avaient enseigné à créer depuis ses rêveries. Les Beaux Arts et l'École des Arts de la Sorbonne, ainsi nommait-on bien ces lieux. Mais c’était bien plus tôt qu’elle avait développé son goût pour le récit poétique, le dessin, et le fantastique. La demeure familiale voyez-vous, cachait pléthore d’œuvres mystérieuses peintes ou écrites par son père, et plus encore peut être de chats, oh combien malicieux et clairvoyants. Un terreau fertile pour l’imaginaire.


Elle s’était mise à cogiter, (tant bien que mal, car la chaleur du jour l’engourdissait et la rendait lourde,) se demandant si le plaisir de faire une guirlande de marguerites valait bien la peine de se lever et de cueillir les fleurs, quand tout à coup un lapin blanc aux yeux roses fila près d’elle.


Il n’y avait rien là de bien farfelu, et Isydore ne trouva même pas très-extraordinaire d’entendre parler le Lapin qui se disait : « Ah ! j’arriverai trop tard ! » (En y songeant après, il lui sembla bien qu’elle aurait dû s’en étonner, mais sur le moment cela lui avait paru tout naturel, elle qui parlait le chat couramment.) Cependant, quand le Lapin vint à tirer une montre de son gousset, la regarda, puis se prit à courir de plus belle, Isydore sauta sur ses pieds, frappée de cette idée que jamais elle n’avait vu de lapin avec un gousset et une montre. Entraînée par la curiosité elle s’élança sur ses traces à travers le champ, et arriva tout juste à temps pour le voir disparaître dans un large trou au pied d’une haie.


Un instant après, Isydore était à la poursuite du Lapin dans le terrier, sans songer comment elle en sortirait. Ce n’était que le début de son aventure, au pays merveilleux du Champicat...


CHAPITRE PREMIER

Isydore tombe dans le terrier

illustration du CHAPITRE PREMIER

Isydore, assise auprès d’un de ses nombreux comparses félins sur le gazon verdoyant de sa Normandie natale, commençait à s’ennuyer de rester là à ne rien faire ; une ou deux fois elle avait jeté les yeux sur un livre ancien envahi par l’herbe assouplie ; mais quoi ! pas d’images, pas de dialogues ! « La belle avance, » pensait Isydore, « qu’un livre sans images, sans causeries, il faudrait que j’y dessine toutes sortes de belles choses ! ». Depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme avait toujours aimé illustrer des bouts de papiers glanés, et revenait ainsi de plusieurs années d’école d’art où de drôles de gens lui avaient enseigné à créer depuis ses rêveries. Les Beaux Arts et l'École des Arts de la Sorbonne, ainsi nommait-on bien ces lieux. Mais c’était bien plus tôt qu’elle avait développé son goût pour le récit poétique, le dessin, et le fantastique. La demeure familiale voyez-vous, cachait pléthore d’œuvres mystérieuses peintes ou écrites par son père, et plus encore peut être de chats, oh combien malicieux et clairvoyants. Un terreau fertile pour l’imaginaire.


Elle s’était mise à cogiter, (tant bien que mal, car la chaleur du jour l’engourdissait et la rendait lourde,) se demandant si le plaisir de faire une guirlande de marguerites valait bien la peine de se lever et de cueillir les fleurs, quand tout à coup un lapin blanc aux yeux roses fila près d’elle.


Il n’y avait rien là de bien farfelu, et Isydore ne trouva même pas très-extraordinaire d’entendre parler le Lapin qui se disait : « Ah ! j’arriverai trop tard ! » (En y songeant après, il lui sembla bien qu’elle aurait dû s’en étonner, mais sur le moment cela lui avait paru tout naturel, elle qui parlait le chat couramment.) Cependant, quand le Lapin vint à tirer une montre de son gousset, la regarda, puis se prit à courir de plus belle, Isydore sauta sur ses pieds, frappée de cette idée que jamais elle n’avait vu de lapin avec un gousset et une montre. Entraînée par la curiosité elle s’élança sur ses traces à travers le champ, et arriva tout juste à temps pour le voir disparaître dans un large trou au pied d’une haie.


Un instant après, Isydore était à la poursuite du Lapin dans le terrier, sans songer comment elle en sortirait. Ce n’était que le début de son aventure, au pays merveilleux du Champicat...


1 - Isydore tombe dans le terrier 2 - Découverte du Champicat 3 - L’heure du thé